L’ouvrage, paru en octobre 2008 aux Editions Panama en France, répond à une double ambition, tel que le présente son auteur : d’abord une introduction à la philosophie islamique, ensuite une « réflexion personnelle » avec comme fil rouge qui parcourt l’ensemble des pages, le « devenir du monde islamique ».
Revenant sur les circonstances de cette réédition, Souleymane Bachir Diagne explique que du fait des recompositions du champ de l’édition française qui ont entraîné la disparition des Editions Panama, il a récupéré ses droits. « J’ai été approché par Aly Diallo et le Dr Lamine Sagna, basés aux Etats-Unis, initiateurs des Editions Phoenix, pour diriger une nouvelle collection qui s’appelle Alif et qui édite des ouvrages de théories littéraires et de philosophie. C’est ainsi que j’ai décidé d’en faire le premier ouvrage de cette collection », explique-t-il. C’est une aventure similaire à celle de Présence africaine dans les années 1940 en France.
Par ailleurs, regrettant que l’Islam soit toujours « sur la défensive », il estime que le mieux serait d’inscrire toutes les réponses (aux attaques venant notamment des islamophobes) dans une question globale. Bref, « écrire comme si on ne répondait pas », tout en faisant en sorte que les réponses y figurent. Il est beaucoup question de dialogues dans ce livre, certains oniriques, d’autres des confrontations, voire de véritables joutes. Des dialogues qui ont commencé avec Plotin, Platon, Aristote et qui se poursuivent aujourd’hui avec Nietzsche ou Bergson. « La philosophie en islam n’est pas clôture sur soi d’un univers mental », explique-t-il. Fidèle à ce principe, il place la « reconstruction » de la pensée musulmane au cœur de son œuvre. En témoigne la place importante qu’y occupe Mouhamed Iqbal, poète et philosophe pakistanais connu pour ses réflexions fécondes sur le temps et le principe du mouvement. « Ce qui fait l’importance considérable de la pensée d’Iqbal et l’établit comme horizon de toute la philosophie moderne en Islam aujourd’hui, c’est précisément qu’elle est fondée sur cette lecture de la cosmologie coranique comme un mouvement d’émergence continue. Et c’est parce qu’il en est ainsi que la reconstruction de la pensée de l’islam doit se voir comme la libération d’un mouvement qui s’était pétrifié et non comme la greffe, de l’extérieur, d’une modernité – ramenée en général à ses signes techniques – sur une essence immobile », écrit-il. Comme un signe d’accord avec ce principe de mouvement, Souleymane Bachir Diagne confie que cette réédition le fait « revenir sur ses pas ». L’horizon, ce sont deux ouvrages en chantiers. Un livre collectif avec des philosophes américains et français sur le temps, et un autre, individuel, sur la traduction.
Seydou KA
Source Le Soleil
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